JIM ALLCHIN: Q.E.D.
La biographie du bonhomme est aussi bluffante que sa musique. Il est né à Grand Rapids, Michigan, mais ses parents déménagent en Floride (tiens, tiens) pour travailler dans une ferme. Il bosse très jeune dans les champs. Il intègre l’université de Floride mais plaque tout pour jouer dans des groupes locaux. Plus tard, il reprend ses études, en sort avec un diplôme en informatique et travaille dans cette branche. Il se fait débaucher par le Big Boss du secteur (voir sa bio sur internet). Au début des années 2000, il remporte son combat contre le cancer et plaque son job pourtant lucratif pour retourner à ses premières amours, la guitare. Avec son troisième album, reconnu par l’establishment du Blues, il nous livre un travail tout en finesse. Jim Allchin, orfèvre du son délicatement saturé mais à la technique impressionnante, semble être le chaînon manquant reliant Jimi Hendrix à Larry Carlton. Il enchaîne des gammes de blues et de rock avec des montées jazzy, le tout enrobé d’un feeling certain.
« Stop And Go » (un boogie endiablé) et « Gettin’ Old » (un blues rapide) convaincront les plus sceptiques.
« Chime Blues », le plus beau morceau de l’album, n’est pas un blues mais une splendide ballade dans le style jazz rock californien qui rappelle justement la patte de Larry Carlton. On se voit bien rouler de nuit dans la capitale endormie, avec ce titre dans la stéréo de la bagnole.
Sur « Reap What You Sow », Jim Allchin nous gratifie d’un solo alliant feeling et monstruosité technique. « Thinking of You », une très belle ballade semi acoustique est dotée d’un superbe refrain (la montée d’accords, il fallait la trouver). Nous avons droit à une bonne démonstration technique sur « Trash » et sur « Runnin’ Away », un titre à la guitare acoustique avec un accompagnement style Chicago Blues. « Drownin’ », un blues lent qui étale tous les plans de cette musique originelle, témoigne d’une parfaite maîtrise de l’instrument. En plus, le son de gratte est à tomber. « Evil Minded Woman », un blues en mode mineur, nous refait le coup du « The Thrill Is Gone » de BB King, mais en balançant un peu plus sur le tempo et avec un refrain inspiré de la Soul. Le solo est super.
Le disque se termine sur « No Way Out », un instrumental à la guitare acoustique qui s’inspire du flamenco.
Au final, un superbe album aux compositions chiadées et à la production irréprochable mais que certains trouveront peut-être trop aseptisé. Cependant, je pense que ce disque rend grâce à l’immense talent de l’artiste.
Comme quoi, selon la formule consacrée, l’informatique mène à tout… à condition d’en sortir.
Olivier AUBRY